Leave 2019 Free
2019, ça aura été, pour moi, deux festivals aux pays-bas, “ok boomer”, la reprise de mes études, ma découverte de James Gray, du lol et du moins lol. Quelques souvenirs d’une année où l’octogone n’a pas eu lieu.
Meilleur Film : Ad Astra (James Gray)
Soyons hônnetes, le cinéma, c’est pas mon rayon. Et pourtant, je dois bien avouer que j’ai été ébloui par ce Ad Astra, que je découvrais par hasard l’année ou j’ai commencé à être touché par le cinéma de James Gray, dont je ne connaissais que le déroutant We Own The Night. Impressionnant déprimé, simple. Les cieux à hauteur d’homme.
Meilleur Livre : L’Histoire comme émancipation (Guillaume Mazeau, Mathilde Larrère et Laurence De Cock)
On peut reprocher bien des choses aux trois historien(ne)s qui signent ce livre chez Agone. On peut leur reprocher leur vision parfois injuste, l’aspect parfois insuffisant de ce manifeste. Et pourtant, j’ai trouvé là-dedans une synthèse incroyablement riche, des mots que je ne savais pas placer ailleurs. Et j’y ai même appris que la “neutralité axiologique” de Weber, ce n’est finalement pas ce que l’on croit.
Meilleure Série : Chernobyl (Craig Mazin, HBO/Sky)
Les rares critiques portant sur la série Chernobyl (qui portent sur une vision fausse et très américaine de la catastrophe ukrainienne) sont, je le pense sincèrement, complètement injustes et infondées. Ce serait oublier que la série est aussi et surtout juste, visuellement superbe, qu’elle est un passionnant thriller dramatique jamais grossier. Une des séries les plus impressionnantes que j’ai vu de ma vie.
Meilleur Concert : Shellac (Grauzone Festival, février 2019)
J’ai fait beaucoup de concerts impressionnants en 2019, mais celui qui m’a le plus marqué est probablement celui de Shellac. Le concert le plus tendu et violent auquel j’ai assisté de ma vie, et pourtant un concert si jubilatoire et excitant. Le meilleur de noise rock de ma vie. Hand over hand over hand over hand…
Top 10 albums :
Hyperculte – Massif Occidental
Un album jubilatoire et inspirant, entre compositions post-punk et textes décalés et politiques à la Brigitte Fontaine.
Kali Malone – The Sacrificial Code
Voilà un truc qui m’a pris par surprise, et qui n’est pas évident à appréhender : près de deux heures d’orgue, ni plus ni moins. Un album pour se perdre.
Lankum – The Livelong Day
J’ai failli passer à côté, et je l’aurais regretté. Une réinterprétation contemporaine de compositions folks venues des deux côtés de l’atlantique, avec également deux chansons originales. Swans rencontre Xylouris White.
Automatic – Signal
Il me suffit parfois de peu : trois jeunes femmes qui font du post-punk synthétique sans prétention. Suicide n’est pas loin. C’est tout simple et pourtant qu’est-ce que c’est bien.
Nick Cave & The Bad Seeds – Ghosteen
Nick Cave est encore là. Il vient de sortir, en 2019, un de ses albums les plus calmes, silencieux, et en même temps son plus monumental, un de ses plus lyriques. Ghosteen est quelque chose de nouveau chez l’un des plus grands artistes de l’histoire du rock. Rien que ça.
Swans – Leaving Meaning
Il est encore là! Après une trilogie d’albums qui prenait fin avec le réussi mais parfois poussif The Glowing Man en 2016, Michael Gira et ses Swans sont de retour sous une forme bien différente, invitant The Necks, Anna Von Hausswolf, et quelques vieux habitués. Le meilleur Swans depuisThe Seer.
King Midas Sound – Solitude
Quelle ironie de sortir un album pareil à la Saint-Valentin. Un album terriblement triste, et pourtant jamais émouvant, entre nappes drones signées The Bug et descriptions un peu trash des paradoxes de l’amour par Roger Robinson.
Jungstötter – Love Is
Derrière un backing band très talentueux, des chansons de pop très apprêtée sont chantées par un crooner allemand que j’espère bientôt retrouver. “Wound Wrapped In Song” est un des plus beaux singles de cette année.
Tindersticks – No Treasure But Hope
Surprise : en livrant un de leurs albums les plus simples, un de leurs albums les plus acoustiques, un de leurs albums les moins sombres aussi, Tindersticks livre leur meilleur album depuis The Something Rain en 2012, et certainement un de leurs plus beaux disques.
Purple Mountains – Purple Mountains
David Berman, cette année, était revenu avec ce qui est, j’ose le dire aujourd’hui, son plus bel album. Purple Mountains contient les chansons les plus émouvantes, tristes, drôles de ses dizaines d’années de carrière, et il s’agit probablement d’un des albums les mieux écrits que j’ai écouté depuis des lustres. Soutenu par le groupe Woods, il livre ici des chansons qui rivalisent avec les grandes heures de Drag City Records, des chansons qui nous montrent qu’il n’a pas trouvé la paix, mais qu’il essaie malgré tout de survivre. Il ne nous a pas survécu. Moins d’un mois après, David Berman nous quittait. The dead know what they’re doing when they leave this world behind, all the suffering gets done by the ones we left behind.